Côte d’Ivoire : Les Partis de l’opposition offrent des feuilletons à leurs militants, « Après Gbagbo Novelas, bientôt la 2ème saison de PDCI Novelas » selon Venance Konan

A l’approche des élections Présidentielles d’Octobre 2025 en Côte d’Ivoire, les événements se succèdent et se ressemblent. Ivoirnews24.net, vous propose l’intégralité d’une analyse de l’éminant Journaliste Ivoirien, Venance Konan.
« La Côte d’Ivoire est le pays le plus chic au monde. En tout cas on ne s’y ennuie pas du tout. En dehors des artistes et autres humoristes, les partis politiques offrent aussi régulièrement aux populations de quoi se divertir. Ainsi, après les Gbagbo novelas, nous assistons depuis quelques temps aux PDCI Novelas dont la première saison vient de s’achever. Nous entrerons bientôt dans la seconde saison. Voici un résumé de la première saison pour ceux qui l’auraient ratée.
C’est l’histoire d’un vieux parti politique qui avait régné sur le pays pendant très longtemps, avant de perdre le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat. Et depuis lors, son rêve est de revenir à ce pouvoir perdu. Son chef était l’ancien président qui avait été renversé par les militaires et qui n’avait pas du tout digéré ce que les zozos de militaires lui avaient fait.
Son obsession était donc de reprendre son pouvoir. Mais il perdit la vie un jour, sans crier gare, à 89 ans hors taxes, laissant son parti orphelin, ne sachant plus à quel saint se vouer, ni à quel sein s’accrocher pour téter. Car c’est un parti où il faut s’occuper de beaucoup de personnes nécessiteuses. Plusieurs personnes se proposèrent pour le diriger.
L’une d’elles, très riche, était réputée très avare, et une autre, très dévouée, était malheureusement très fauchée. Mais surtout, tous les prétendants au trône n’avaient aucune goutte de sang baoulé, condition sine qua non mais non écrite pour diriger ce parti qui s’était désormais recroquevillé sur cette ethnie.
C’est alors qu’apparut un grand monsieur, par la taille, qui avait déserté le pays depuis 23 ans et qui, après avoir bourlingué dans de grosses boîtes à l’étranger dont il avait fait couler une, se cherchait un point de chute digne de lui, à savoir président de son pays d’origine dont il avait pourtant renié la nationalité longtemps auparavant.
Mais il avait trois qualités : il était descendant du premier président du pays que les militants de ce parti considéraient comme un dieu, il avait beaucoup d’argent, et il avait toujours été le premier de sa classe. Premier en tout. Alors, on tordit le cou aux textes du parti, on tordit les bras à ceux qui voulaient contester sa candidature et cet homme si précieux fut élu président du parti.
Il lui restait désormais à aller à la présidentielle. Il se mit donc à faire des meetings pour se faire connaître, puisqu’il avait quitté le pays depuis très longtemps et se mit à danser sur les estrades, puisque cela fait partie des mœurs politiques du pays. D’ailleurs, son prédécesseur avait, malgré son grand âge, dansé devant madame Angela Merkel pour démontrer son ivoirité. Il se mit aussi à aller aux obsèques de gens qu’il ne connaissait pas, autre mœurs politique du pays, lui qui n’avait pourtant pas mis les pieds aux funérailles de ses propres frère et sœur.
Mais voici que des grincheux de son parti firent savoir qu’il avait pris la nationalité de la France, et que l’article 48 d’une sombre loi de 1961 disait que quiconque avait pris en toute conscience la nationalité d’un autre pays perdait celle de la Côte d’Ivoire.
Or on ne peut pas diriger un parti politique en Côte d’Ivoire, encore moins être président de la république si l’on n’est pas Ivoirien. Ses avocats expliquèrent, tantôt qu’il était né Français, tantôt que les Français l’avaient naturalisé de force, tantôt qu’il était né Français mais que pour être sûr qu’il n’irait pas prendre une autre nationalité, ils l’avaient ensuite naturalisé. Pour « sanctuariser sa nationalité », ont-ils dit.
Il y a donc désormais une nouvelle notion juridique, la nationalité par sanctuarisation. Après avoir tergiversé, le premier de la classe fit un grand sacrifice à ses partisans, en renonçant à sa précieuse nationalité française. Mais d’autres grincheux dirent encore que son élection à la tête de leur parti devrait être annulée parce qu’il était encore Français lorsqu’on l’élisait.
Et ils portèrent plainte contre lui. Mais avant que le tribunal n’ait eu le temps de se réunir, le premier de la classe dribbla tout le monde en démissionnant de son poste de président de son parti, et convoqua dans la foulée un congrès extraordinaire qui l’élut, deux jours plus tard, président de son parti à nouveau. Cela ne suffit pas à calmer les grincheux.
Ils dirent qu’il avait démissionné illégalement et que tous les actes qu’il avait posés en tant que président devaient être annulés, puisque son élection était illégale. Le juge ne s’est pas encore prononcé, entretenant ainsi le suspense.
Dans la saison deux, nous saurons si le premier de la classe restera encore président de son parti, s’il sera candidat, et surtout, ce que son parti fera s’il n’est pas candidat. Ne ratez donc pas les prochains épisodes qui promettent d’être encore plus palpitants.
Venance Konan